L’après-MINUSMA au Mali : un pays à la croisée des chemins

Alors que le départ imminent de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) se profile à l’horizon, le Mali se retrouve à un tournant décisif de son histoire.

Après des années de présence de la MINUSMA, chargée de restaurer la paix et la stabilité dans le pays, les regards sont désormais tournés vers l’avenir incertain de cette nation d’Afrique de l’Ouest. Dans cette analyse, nous explorerons les défis et les opportunités qui attendent le Mali alors qu’il se prépare à se défaire de l’ombre de la MINUSMA.

La situation sécuritaire

La première préoccupation qui se pose pour le Mali est la situation sécuritaire, toujours fragile malgré les efforts de la MINUSMA. Les groupes terroristes et les milices armées, tels que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), continuent de semer le chaos dans certaines régions du pays. Pour preuve, de janvier 2023 à nos jours le pays enregistre plus d’une trentaine d’attaques jihadistes dont le plus souvent le centre du pays en est la cible, 30 à 35% des attaques ont lieu dans cette zone. Les villes et villages touchés le plus sont: Sévaré, Kani-Bozon, Douantza, Dioro, Timissa, Diougani, Boulkessi, Sokolo, Mondoro, Sienso… À ces multiples attaques s’ajoute également bon nombre de bavures et d’exactions sur les populations civiles de la part des milices d’autodéfense et du groupe mercenaire russe Wagner présent dans le pays depuis juillet 2022.

Le départ de la MINUSMA pourrait créer un vide sécuritaire que ces groupes chercheront à exploiter, menaçant ainsi les progrès réalisés dans la lutte contre l’insécurité.

Les défis politiques

Outre la sécurité, le Mali doit également faire face à des défis politiques complexes. La crise politique qui a secoué le pays ces dernières années, marquée par des coups d’État militaires et des tensions entre les différents acteurs politiques, reste une préoccupation majeure. L’établissement d’un gouvernement stable et inclusif, capable de répondre aux aspirations de l’ensemble de la population malienne, sera essentiel pour consolider les progrès réalisés jusqu’à présent.

La reconstruction et le développement économique

Le départ de la MINUSMA offre également une opportunité de concentrer les efforts sur la reconstruction et le développement économique du Mali. Les années de conflit ont laissé des cicatrices profondes sur le tissu social et les infrastructures du pays. Il est crucial de mobiliser les ressources nécessaires pour reconstruire les zones dévastées, stimuler l’économie et créer des opportunités d’emploi pour la jeunesse malienne. Cela permettrait de réduire les frustrations sociales qui peuvent alimenter l’instabilité.

Le rôle régional et international

Dans cette nouvelle phase de son histoire, le Mali devra également s’appuyer sur le soutien de la communauté internationale et de ses partenaires régionaux. Les pays voisins, tels que le Niger, le Burkina Faso et le Sénégal, auront un rôle crucial à jouer dans la promotion de la stabilité régionale. De plus, l’engagement continu des organisations internationales, des bailleurs de fonds et des partenaires de développement sera essentiel pour soutenir les efforts de reconstruction et de développement du Mali.

Ce départ controverse de la mission onusienne présente au Mali environ une décennie, s’anonce comme un tournant décisif d’audace et de courage pour le gouvernement de la transition. Car les défis sécuritaires, politiques, économiques et sociaux qui l’attendent sont immenses. Cependant, ce moment de transition offre également une opportunité unique de façonner l’avenir du pays, de renforcer la gouvernance, de promouvoir la réconciliation nationale et de reconstruire une société plus pacifique et prospère. Le Mali devra faire preuve de leadership et de détermination pour saisir cette opportunité et tracer sa propre voie vers la stabilité et la prospérité durables.